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DE LA NOUVELLE-FRANCE

marcher par des raisonnements et des présents, qui leur donnent satisfaction et dédommagement. 4° Les Agniers, qui semblent sincères dans leurs démarches pour la paix, ne voudront plus jamais rien entendre s’ils s’aperçoivent qu’on se préparait à les exterminer dans le temps même où ils faisaient ces démarches. — Réponse : Avec les Agniers, mieux vaut une guerre ouverte qu’une paix douteuse et sans durée. 5° Les Anglais et les Hollandais qui, jusqu’ici, n’ont point attaqué les Français, s’y détermineront peut-être s’ils voient ces derniers détruire une nation sauvage qui semble être sous leur protection. — Réponse : Il n’y a rien à craindre des Hollandais qui au fond du cœur sont avec les Français et subissent à regret le joug des Anglais usurpateurs de la Nouvelle-Hollande ; quant à ces derniers, la guerre existant de fait entre la France et l’Angleterre, la campagne contre les Iroquois ne les rendra pas plus hostiles qu’ils ne le sont actuellement. 6° Pour aller sûrement à la destruction des Agniers, il faudra prendre dans les forts les meilleurs officiers et soldats, ce qui retardera beaucoup le transport des vivres. — Réponse : Si l’expédition réussit, il faudra moitié moins de munitions dans les forts, parce qu’il y faudra moitié moins de troupes. « Pour un coup de partie on expose quelque chose, sans exposer le tout. »

Après avoir ainsi étudié la situation sous ses deux faces, l’intendant concluait comme suit : « Je ne doute pas que le parti de la paix ne se soutienne encore par d’autres raisons que celles-ci ; c’est pourquoi il serait bon de les déduire pour balancer les unes par les autres afin de se tenir à celles qui auraient le plus de poids.