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JEAN TALON, INTENDANT

semble qu’on doive tenir le parti d’entreprendre. 9° Le succès de l’entreprise contre les Agniers ouvrira peut-être la porte à l’enlèvement d’Orange, et, dans tous les cas, intimidera les colonies anglaises, et les détournera de l’idée d’envahir le Canada, si elles l’ont conçue.

Après les raisons pour la guerre venaient les raisons pour la paix. Elles étaient au nombre de six, mais chacune d’elles était accompagnée d’une réponse qui lui enlevait beaucoup de sa force. Nous allons analyser les unes et les autres : 1° Il est possible que les Anglais aient déjà pénétré dans le Saint-Laurent, et enlevé quelques-uns des vaisseaux de France qui ne sont pas encore arrivés ; dans ce cas on ne saurait dégarnir Québec et ses environs sans exposer la colonie. — Réponse : Quand bien même les Anglais seraient entrés dans le Saint-Laurent, ils ne se hasarderont pas à faire une descente dans un pays où, à leur connaissance, il y a 1200 soldats, sans compter les habitants capables de faire la guerre ; les Bostonnais ont très peu de troupes réglées, et de médiocres milices ; en outre la saison des glaces est trop prochaine pour qu’ils risquent une pareille entreprise. 2° Pour faire la guerre, il faut lever des gens du pays ce qui ne se peut au temps de la récolte qu’en la retardant ou en lui causant préjudice. — Réponse : Ce mal serait toujours moindre que celui des incursions iroquoises ; d’ailleurs la récolte sera faite par tous les autres habitants, sur quoi il sera rendu un règlement de police. 3° Les Algonquins et autres sauvages alliés seront sans doute peu disposés à faire campagne, parce qu’on ne leur a pas livré le Bâtard Flamand et les ambassadeurs faits prisonniers. — Réponse : On peut les commander d’autorité, ou les engager à