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JEAN TALON, INTENDANT

avec chacun vingt hommes de leurs compagnies et plusieurs volontaires canadiens. Le 18, le gouverneur partit pour le fort Saint-Louis, où était le rendez-vous des troupes. Les souffrances causées par le froid furent encore extrêmes, et « l’on fut contraint de reporter plusieurs soldats dont les uns avaient les jambes coupées par les glaces, et les autres, les mains ou les bras ou d’autres parties du corps entièrement gelées. » Ces vides furent comblés avec des hommes tirés des compagnies commandées aux forts St-Louis et Ste-Thérèse par les capitaines de Chambly, Petit et Rougemont, et par le sieur Mignardé, lieutenant de la colonelle. Soixante-dix volontaires montréalais, ayant à leur tête Charles Lemoine, vinrent aussi renforcer l’armée. Le 29 janvier, M. de Courcelle quittait le fort St-Louis avec cinq ou six cents hommes, tant soldats que canadiens, et le 30 il partait du fort Ste-Thérèse, commettant l’irréparable faute de ne pas attendre une bande d’Algonquins qui devaient lui servir de guides. La marche à travers les neiges, les bois, les lacs et les rivières fut horriblement pénible. Tout le monde, même M. de Courcelle, portait une charge de vingt-cinq livres[1]. Les européens, peu habitués aux raquettes, que l’on devait chausser bon gré mal gré pour ne pas enfoncer dans l’épaisse couche de neige dont le sol était couvert, en ressentaient beaucoup de fatigue et de douleur. Le soir il fallait coucher à la belle étoile, au milieu des glaces et des frimas. Lors-

  1. — Une relation anglaise de cette expédition dit que des chiens attelés à des traîneaux servaient de bêtes de somme. (Relation of the march of the governor of Canada into New York, dans la collection intitulée : Documents relating to the colonial history of New York, vol. III).