Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
82
JEAN TALON, INTENDANT

aucuns secours de ses parents[1], » Cette lettre est à la fois une preuve de l’universelle sollicitude de Talon, et une manifestation de l’esprit du temps, où les préoccupations religieuses marchaient de pair avec les préoccupations politiques et administratives.

Au mois d’octobre, les vaisseaux commençaient à retourner en France. Supposant avec raison que Colbert devait être impatient de recevoir des informations sur l’état de la colonie, Talon lui écrivit, le 4 octobre, une longue lettre dont nous avons déjà cité quelques fragments. Cette pièce est extrêmement importante ; elle nous fait connaître les premières impressions de l’intendant, et elle contient l’esquisse des projets qu’il avait déjà conçus et des progrès possibles qu’il entrevoyait. Nous croyons nécessaire de l’analyser assez longuement.

Talon commençait par quelques lignes sur la question des Jésuites. La note donnée était plutôt favorable. « Si par le passé, disait-il, les Jésuites ont balancé l’autorité temporelle par la spirituelle, ils ont bien réformé leur conduite, et pourvu qu’ils la tiennent toujours telle qu’elle me paraît aujourd’hui, on aura point à se précautionner contre elle à l’avenir. Je la surveillerai cependant et empêcherai autant qu’il sera en moi qu’elle soit préjudiciable aux intérêts de Sa Majesté et je crois qu’en cela je n’aurai pas de peine. » Évidemment le premier contact avec les Jésuites ne leur avait

  1. Lettre de Talon au roi. — Archives fédérales ; Canada, correspondance générale, vol. II. — Cet appel de Talon ne fut pas vain. Colbert lui écrivait de Versailles, le 5 avril 1666 : « Le roi a accordé douze cents livres au sieur de Berthier, capitaine au régiment de Salières. » (Nouvelle-France — Documents historiques, p. 200).