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de l’histoire de la migration des anciens peuples. Tout semble, en effet, nous montrer dans les Égyptiens un peuple tout-à-fait étranger au continent asiatique.

On conçoit difficilement aussi que la peuplade, souche première de la nation égyptienne, à quelque état inférieur de civilisation qu’on la suppose, ait pu se fixer et se propager d’abord dans la vallée de l’Égypte, entre la première cataracte et la Méditerranée, terrain exposé annuellement à une longue et complète inondation. C’est bien plutôt sur un point plus élevé, dans un pays que l’inondation ne couvre jamais entièrement, que durent être faits les premiers établissemens ; et sous ce rapport, la Nubie, et mieux encore l’Éthiopie, présentèrent de tout temps des localités avantageuses.

Les monumens de la Nubie sont, en effet, couverts d’hiéroglyphes parfaitement semblables, et dans leurs formes, et dans leurs dispositions, à ceux que portent les édifices de Thèbes : on y retrouve les mêmes élémens, les mêmes formules, les mêmes mots, la même langue ; et les noms des rois qui élevèrent les plus anciens d’entre eux, sont ceux mêmes des princes qui construisirent les plus anciennes parties du palais de Karnac à Thèbes. Les ruines du bel édifice de Soleb, situé sur le Nil, à près de cent lieues plus au midi que Philæ, frontière extrême de l’Égypte, sont, à notre connaissance, la construction la plus éloignée qui porte la légende royale d’un roi égyptien. Ainsi, dès le commencement de la xviii.e dynastie des Pha-