Page:Champollion - Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, 1824.djvu/442

Cette page a été validée par deux contributeurs.
( 390 )

bases du système adopté jusqu’ici sur l’origine du peuple égyptien. Il doit se demander, en effet, si la civilisation de Thèbes a remonté le Nil, la peuplade qui forme la nation égyptienne venant de l’Asie, ou bien si cette civilisation, arrivant du midi, descendant avec le fleuve sacré, ne s’est pas établie d’abord dans la Nubie, ensuite dans la partie la plus méridionale de la Thébaïde, et si, s’avançant successivement vers le nord, elle n’a point enfin, secondée par les efforts du fleuve, repoussé les eaux de la Méditerranée, et conquis pour l’agriculture la vaste plaine de la Basse-Égypte, contiguë à l’Asie. Dans cette hypothèse nouvelle, les Égyptiens seraient une race propre à l’Afrique, particulière à cette vieille partie du monde, qui montre par-tout des traces marquées d’épuisement et de décrépitude.

La constitution physique, les mœurs, les usages et l’organisation sociale des Égyptiens, n’avaient jadis, en effet, que de très-faibles analogies avec l’état naturel et politique des peuples de l’Asie occidentale, leurs plus proches voisins. La langue égyptienne enfin n’avait rien de commun, dans sa marche constitutive, avec les langues asiatiques : elle en diffère tout aussi essentiellement que les écritures de l’Égypte diffèrent des anciennes écritures des Phéniciens, des Babyloniens et des Perses. Ces deux derniers faits paraîtront déjà concluans et peuvent trancher la question en faveur de la seconde hypothèse, l’origine africaine des Égyptiens, aux yeux des savans qui se sont occupés