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sant de peindre la pensée ; le plus petit ornement de l’architecture égyptienne a son expression propre, et se rapporte directement à l’idée qui motiva la construction de l’édifice entier, tandis que les décorations des temples grecs et romains ne parlent trop souvent qu’à l’œil, et sont muettes pour l’esprit. Le génie de ces peuples se montre ainsi essentiellement différent. L’écriture et les arts d’imitation se séparèrent de bonne heure et pour toujours chez les Grecs ; mais en Égypte, l’écriture, le dessin, la peinture et la sculpture marchèrent constamment de front vers un même but ; et si nous considérons l’état particulier de chacun de ces arts, et sur-tout la destination de leurs produits, il est vrai de dire qu’ils venaient se confondre dans un seul art, dans l’art par excellence, celui de l’écriture. Les temples, comme leur nom égyptien l’indique[1], n’étaient, si l’on peut s’exprimer ainsi, que de grands et magnifiques caractères représentatifs des demeures célestes : les statues, les images des rois et des simples particuliers, les bas-reliefs et les peintures qui retraçaient au propre des scènes de la vie publique et privée, rentraient, pour ainsi dire, dans la classe des caractères figuratifs ; et les images des dieux, les emblèmes des idées abstraites, les ornemens et les peintures allégoriques, enfin la nombreuse série des anaglyphes, se rattachaient d’une manière directe au principe symbolique de l’écriture proprement dite. Cette union intime

  1. Suprà, pag. 337.