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eux ; il devrait résulter en effet de ces notions une connaissance générale des divers ordres d’idées que chaque classe de caractères était destinée à exprimer d’une manière plus ou moins spéciale.

95. Il n’est plus douteux, d’abord, que toute inscription hiéroglyphique, quelque peu étendue qu’elle soit, présente un mélange constant des trois ordres de signes. On retrouve dans tous les textes les caractères figuratifs, les caractères symboliques et les caractères phonétiques perpétuellement entremêlés, et concourant, chacun à leur manière et selon leur essence, à l’expression des idées dont il s’agissait de perpétuer le souvenir.

96. On a dû remarquer en effet que, dans le système hiéroglyphique, il arrivait qu’une même idée pouvait être exprimée, sans qu’il en résultât le moindre inconvénient pour la clarté, par trois méthodes diverses et au choix de celui qui tenait le pinceau. S’il fallait, par exemple, mentionner dans un texte la divinité suprême de Thèbes, Amon, Amen ou Amman, l’hiérogrammate était le maître de signaler l’idée de ce dieu, soit figurativement, en retraçant en petit l’image même de cet être mythique, telle qu’on la voyait dans les temples de la capitale[1] ; soit symboliquement, en dessinant les formes d’un obélisque[2] ou celles du bélier sacré[3], emblèmes d’Amon ; soit enfin pho-

  1. Tableau général, n.o 67.
  2. Ibid. n.o 84.
  3. Ibid. n.o 85.