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tout ce qu’ont écrit sur ce système hiéroglyphique les Grecs et les Romains, qui ne portèrent jamais dans l’étude des langues et des écritures des peuples orientaux, autant de soin et d’esprit d’analyse que le font les Européens actuels. Un seul auteur grec, comme on le verra bientôt, a démêlé et signalé, dans l’écriture égyptienne sacrée, les élémens phonétiques, lesquels en sont, pour ainsi dire, le principe vital. Les recherches des modernes, partant des seules données fournies par les auteurs classiques, n’ont pu, pour cela même, conduire à des résultats positifs.

90. Mais puisqu’un aussi grand nombre de caractères destinés à rendre le même son, est un vice facile à apercevoir dans une écriture quelconque, il faut croire que les anciens Égyptiens savaient tirer de cette faculté d’exprimer un même son par une foule de caractères-images très-différens les uns des autres, certains avantages qui balançaient, à leur avis du moins, l’inconvénient de cette surabondance des signes.

Je crois, en effet, avoir acquis la conviction que, de cette faculté reconnue de représenter un même son par une foule de signes-images tout-à-fait différens, les Égyptiens surent tirer un avantage singulier et bien approprié au génie que leur prête l’antiquité entière : ce fut de symboliser une idée au moyen des caractères mêmes qui représentaient d’abord le son du mot signe de cette idée dans la langue parlée ; ils purent, en conséquence, pour écrire les sons principaux et toutes les articulations d’un mot, choisir parmi les divers caractères