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n’ont point de forme, par l’image d’objets physiques ayant certains rapports vrais ou faux avec les objets des idées purement abstraites, dont ces objets physiques devenaient par cela même des signes indirects.

79. On put donc trouver également facile, convenable et même naturel, d’exprimer tel ou tel son par l’image d’un objet physique auquel le son à peindre se rapportait plutôt qu’à tout autre dans la langue parlée ; et le but se trouva atteint, lorsque l’Égyptien eut conçu et éprouvé la possibilité de représenter indirectement, ou plutôt de rappeler le souvenir de chaque son de sa langue, par l’image d’objets matériels dont le signe oral ou mot qui les exprimait dans la langue égyptienne, contenait en première ligne le son qu’il s’agissait de peindre.

Ainsi, l’image d’un aigle, en langue égyptienne, Ⲁϩⲱⲙ ou Ⲁϧⲱⲙ (ahôm, akhôm), devint le signe de la voyelle  ; un petit vase ou cassolette Ⲃⲣⲃⲉ (berbe), le signe de la consonne  ; une main Ⲧⲟⲧ, le signe de la consonne  ; une hache Ⲕⲉⲗⲉⲃⲓⲛ (kelebin), le signe de la consonne  ; un lion ou une lionne, Ⲗⲁⲃⲟ (labo), le signe de la consonne  ; une espèce de chouette, appelée nycticorax par les Grecs, et Ⲙⲟⲩⲗⲁϫ (mouladj) par les Égyptiens, le signe de la consonne  ; une flûte Ⲥⲏⲃⲓⲛϫⲱ (sébiandjo), le signe de la consonne  ; une bouche Ⲣⲱ (ro), le signe de la consonne  ; l’image abrégée d’un jardin, Ϣⲛⲏ (schné), le signe de la consonne Ϣ.

80. Tel fut, en effet, le principe qui présida au