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signes syllabiques ; mais cela a dépendu tout autant, pour le moins, de la nature même de leur langue parlée, que de celle de leur écriture. N’oublions point d’ailleurs la grande distance qui sépare une écriture syllabique d’une écriture véritablement alphabétique.

75. Quoi qu’il en soit, les témoignages les plus imposans de l’antiquité classique concourent à attribuer aux Égyptiens l’invention de l’écriture alphabétique ; et le docte Georges Zoëga, qui, le premier parmi les savans modernes, a professé hautement cette opinion, indique[1] les divers passages de Platon, de Tacite, de Pline, de Plutarque, de Diodore de Sicile et de Varron sur lesquels elle est fondée. Il reste donc, en profitant des données que nous fournit l’étude des monumens de l’Égypte, non pas à deviner comment l’écriture alphabétique a pu naître des caractères figuratifs ou des caractères symboliques, dont, selon toute apparence, les Égyptiens usèrent d’abord, mais à voir si les principes généraux qui présidèrent à la détermination des caractères idéographiques égyptiens, ne présidèrent point aussi à celle de leurs caractères alphabétiques, lorsque la nécessité de l’invention de signes de cet ordre se fut fait sentir pour compléter le système d’écriture hiéroglyphique.

76. Il est déjà démontré par les faits exposés dans les huit premiers chapitres de notre ouvrage, que le système hiéroglyphique égyptien renferme une classe

  1. De Origine et Usu obeliscor. pag. 556, 557 et 558.