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tères[1], l’importance que les Égyptiens, et les Grecs élevés à leur école, attachaient aux noms des dieux, qu’ils croyaient être d’institution divine, pleins d’un sens mystérieux, remontant aux siècles les plus voisins de l’origine des choses, et fort peu susceptibles d’être exactement traduits en langue grecque. Ces noms mystiques sont, il est vrai, souvent exprimés phonétiquement dans les textes hiéroglyphiques et hiératiques ; toutefois, il ne faut point oublier que les textes de ce genre étaient écrits par des membres de la caste sacerdotale, et qu’ils furent eux-mêmes sacrés et conçus en caractères spécialement destinés à écrire sur les matières religieuses. Mais dans les textes démotiques considérés comme profanes et vulgaires, les noms des dieux paraissent avoir toujours été exprimés par le moyen de symboles, et jamais phonétiquement : c’est ainsi que les Hébreux ayant à écrire le nom ineffable, le τετραγραμματον, יחוח [Jehovah], le remplaçaient souvent par une abréviation convenue, ne le prononçaient jamais en lisant les textes, et y substituaient le mot Adonaï. L’examen de plusieurs manuscrits égyptiens m’a également convaincu que, pour des motifs semblables, certains noms divins hiéroglyphiques étaient écrits d’une manière et prononcés d’une autre : mais ce n’est point ici le lieu de développer cet aperçu.

67. Les caractères tropiques ou symboliques de l’écriture égyptienne ne se combinant point entre eux et

  1. Section VII, chap. IV et V.