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de la civilisation égyptienne, la première écriture usitée consista, comme au Mexique, dans la simple peinture des choses : ce système imparfait fut successivement régularisé, changea presque totalement de nature par le seul effet des progrès de l’intelligence humaine, et constitua enfin cette écriture hiéroglyphique qui couvre les édifices de l’Égypte ; système graphique aussi supérieur dans ses procédés et dans ses résultats aux peintures informes des peuples d’Anahuac, que les monumens de Thèbes sont au-dessus des grossiers essais de la sculpture et de l’architecture aztèque.


§. III. Nombre des Caractères hiéroglyphiques.


15. L’écriture sacrée des Égyptiens, identifiée en quelque sorte avec la peinture, s’empara du domaine entier des formes physiques, et ses caractères se multiplièrent progressivement au point de former ces riches tableaux dont les élémens variés offrent un intérêt si piquant même à la simple curiosité.

Mais le nombre réel de ces signes n’est ni aussi étendu qu’il semble l’être au premier examen, ni aussi borné qu’on a voulu le croire.

Un voyageur moderne, dont les opinions sont rarement exemptes de quelque légèreté, le chevalier Bruce, assure que pendant son voyage en Égypte, et en parcourant les divers monumens antiques de cette contrée, il n’a pu compter que cinq cent quatorze[1] hiéroglyphes

  1. Voyage aux sources du Nil, tome I, pag. 135, édit. de Paris.