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naisons méditées, une marche calculée et systématique, ont incontestablement dirigé la main qui traça ce tableau, en apparence si désordonné ; ces caractères tellement diversifiés dans leurs formes, souvent si contraires dans leur expression matérielle, n’en sont pas moins des signes qui servent à noter une série régulière d’idées, expriment un sens fixe, suivi, et constituent ainsi une véritable écriture. Il ne serait plus permis d’avancer aujourd’hui, comme on l’osa jadis[1], que les hiéroglyphes n’ont été employés que pour servir d’ornement aux édifices sur lesquels on les gravait, et qu’ils n’ont jamais été inventés pour peindre les idées.

6. Il faut donc entendre par hiéroglyphes, des caractères qui, dans leur ensemble ou dans leurs parties, étant des imitations plus ou moins exactes d’objets naturels, furent destinés, non pas à une vaine décoration, mais à exprimer la pensée de ceux qui en réglèrent l’arrangement et l’emploi.

7. Le premier pas à faire dans l’étude raisonnée du système d’écriture dont ces caractères sont les élémens, était sans contredit de distinguer d’abord les hiéroglyphes proprement dits, de toutes les autres représentations qui couvrent les anciens monumens de travail égyptien, et, en second lieu, de se bien familiariser avec les formes mêmes de ces nombreux caractères.

La première distinction, si importante et si fonda-

  1. Dissertation sur l’Écriture hiéroglyphique, par l’abbé Tandeau de Saint-Nicolas ; Paris, Barbou, 1762, in-8.o