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chéri, aimé : on ne peut étudier avec quelque attention les légendes hiéroglyphiques placées à la suite des noms royaux, sans s’apercevoir bientôt que le titre chéri de Phtha était susceptible, comme tant d’autres, de s’écrire en employant indifféremment plusieurs caractères homophones ; j’ai dû par conséquent recueillir avec soin toutes les variantes de ce groupe ; on les trouvera réunies dans le Tableau général, sous les n.os 352 et 353.

Il devient positif, au premier examen de ces variantes, que le hoyau est un synonyme ou un homophone de ce signe carré qui ressemble à une sorte de base ou de piédestal. Cette synonymie a déjà été notée par M. le docteur Young, qui donne en effet, dans son catalogue hiéroglyphique[1], cette base ou piédestal comme étant le nom hiéroglyphique du dieu Phtha, aussi bien que la charrue ou le hoyau.

Pour moi, reconnaissant de mon côté cette même synonymie, je lis sans balancer le groupe formé de la charrue et des deux feuilles, ou du piédestal et des deux feuilles, ⲙⲁⲓ mai ou ⲙⲉⲓ méi ; car le piédestal exprime en effet la consonne M dans les cartouches de Domitien[2], et par-tout les deux plumes équivalent aux diphthongues ⲁⲓ et ⲉⲓ des noms propres grecs ; le groupe qui représente hiéroglyphiquement l’adjectif ηγαπημενος, chéri, est donc phonétique et se lit sans

  1. Encyclopédie britannique, pag. 56, n.o 6, et planche 74, n.o 6.
  2. Lettre à M. Dacier, pag. 49, planche III, n.os 66 et 67.