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Chnouphis, Chnoubis et Chnoumis. Je répondrai que les Égyptiens pouvaient, dans la prononciation, aspirer certaines consonnes initiales, sans représenter pour cela ces aspirations en transcrivant ces mots, soit en hiéroglyphes, soit en tous autres caractères ; et que les Grecs ont voulu noter ces aspirations par leur Κ, ou plus habituellement par leur Χ. Cette hypothèse pourrait nous expliquer aussi pourquoi des auteurs grecs (Hérodote et Ératosthène) nous ont donné, par exemple, les mots Κρι, Κρη ou Χρη, comme le nom du soleil en langue égyptienne[1], et le mot ΧΑΜψαι comme le mot égyptien qui signifiait crocodile ; tandis que, dans les textes coptes, c’est-à-dire, dans les livres en langue égyptienne écrits en caractères grecs, soleil se dit simplement ⲣⲏ rê et non pas ⲕⲣⲏ ou ⲭⲣⲏ, et crocodile ⲙⲥⲁϩ amsah et non pas Χαμψαι. Il est évident que l’addition du Κ ou du Χ au commencement des transcriptions grecques κνηφ, κνουφις, χνουφις, χνουβις, χνουμις, χρη, κρι, κρη et χαμψαι, des noms et mots égyptiens purs ⲛⲃ, ⲛⲟⲩⲃ, ⲛⲟⲩⲙ, ⲣⲏ et ⲙⲥⲁϩ, tient à une seule et même cause.

Quoi qu’il en soit, je crois avoir établi que le dieu nommé Knèph, Chnuphis et Chnumis par les Grecs, divinité identique avec Amoun, porta dans l’écriture hiéroglyphique des noms qui se lisaient NEB ou NEV, NOUB ou NOUF, et NOUM : et je terminerai cet article par un nouveau rapprochement. Les

  1. Ératosth. apud G. Syncell. — Herod. lib. II.