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capitale ; et qui tient le premier rang dans tous les bas-reliefs où sont figurées un certain nombre de divinités égyptiennes, ce nom hiéroglyphique du dieu dont l’image est la plus fréquente à Thèbes, est formé[1] d’une feuille ou plume, d’un parallélogramme presque toujours crénelé, et de la ligne brisée ou de la ligne horizontale. Si nous appliquons à chacun de ces caractères les valeurs phonétiques qui leur appartiennent dans tous les noms propres, la, feuille sera la voyelle Α, comme dans Αυτοκρατωρ, le parallélogramme Μ, comme dans Domitien, et la ligne brisée ou horizontale Ν, comme par-tout. Nous obtenons ici ⲁⲙⲛ, la charpente même du nom ⲁⲙⲟⲩⲛ qu’on retrouve d’ailleurs dans certains noms propres coptes. Mais ce qui doit achever notre conviction sur la réalité de cette lecture, c’est la circonstance que ce même nom propre hiéroglyphique Ⲁⲙⲛ est également celui d’un personnage qui occupe souvent aussi le premier rang sur les monumens de Thèbes, personnage caractérisé par sa tête de bélier ; et l’antiquité entière nous apprend en effet qu’Amoun, le principal dieu de Thèbes, était représenté par les Égyptiens avec une tête de bélier.

Les peintures et les bas-reliefs égyptiens nous offrent une seconde divinité à tête de bélier, mais distinguée de la première, soit par un grand serpent uræus dressé entre ses cornes, soit par des coiffures très-compliquées et toutes particulières, dans lesquelles on remarque

  1. Tableau général, Noms phonétiques des Dieux, n.o 39.