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j’ajoute que cela tient à leur voisinage des capitales successives de l’Égypte, Memphis, Fosthat et le Caire. Rentrés le soir dans nos vaisseaux, comme les Grecs venant de livrer un assaut à la ville de Troie, mais plus heureux qu’eux, puisque nous emportions quelque butin, je fis mettre à la voile pour Bédréchéin, village situé à peu de distance sur le bord occidental du Nil. Le lendemain, de bonne heure, nous partîmes pour l’immense bois de dattiers qui couvre l’emplacement de Memphis : passé le village de Bédréchéin, qui est à un quart d’heure dans les terres, on s’aperçoit qu’on foule le sol antique d’une grande cité, aux blocs de granit dispersés dans la plaine, et à ceux qui déchirent le terrain et se font encore jour à travers les sables, qui ne tarderont pas à les recouvrir pour jamais. Entre ce village et celui de Mit-Rahinéh, s’élèvent deux longues collines parallèles, qui m’ont paru être les éboulements d’une enceinte immense, construite en briques crues comme celle de Saïs, et renfermant jadis les principaux édifices sacrés de Memphis. C’est dans l’intérieur de cette enceinte que nous avons vu le grand colosse exhumé par M. Caviglia. Il me tardait d’examiner ce monument, dont j’avais beaucoup entendu parler, et j’avoue que je fus agréablement surpris de trouver un magnifique morceau de sculpture égyptienne. Le colosse,