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de cette grande capitale. À 3 heures, nous vîmes le Caire plus distinctement : c’est là que les matelots vinrent nous demander le bakchis de bonne arrivée. L’orateur était accompagné de deux camarades habillés d’une façon très-bizarre : des bonnets en pain de sucre, bariolés de couleurs tranchantes ; des barbes et d’énormes moustaches d’étoupe blanche ; des langes étroits, serrant et dessinant toutes les parties de leur corps ; et chacun d’eux s’était ajusté d’énormes accessoires en linge blanc fortement tordu. Ce costume, ces insignes et leurs postures grotesques, figuraient au mieux les vieux faunes peints sur les vases grecs d’ancien style. Quelques minutes après, notre maasch donna sur un banc de sable, et fut arrêté tout court ; nos matelots se jetèrent au Nil pour le dégager, en se servant du nom d’Allah, et bien plus efficacement de leurs larges et robustes épaules ; la plupart de ces mariniers sont des Hercules admirablement taillés, d’une force étonnante, et ressemblant, quand ils sortent du fleuve, à des statues de bronze nouvellement coulées. Ce travail d’une demi-heure suffit pour dégager le bâtiment. Nous passâmes devant Embabéh, et après avoir salué le champ de bataille des Pyramides, nous abordâmes au port de Boulaq, à 5 heures précises. La journée du 20 se passa en préparatifs de dé-