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tres. Les prêtres administraient chaque canton de l’Égypte sous la direction du grand-prêtre, lequel donnait ses ordres, disait-il, au nom de Dieu même. Cette forme de gouvernement se nommait théocratie ; elle ressemblait, mais bien moins parfaite, à celle qui régissait les Arabes sous les premiers kalifes.

Ce premier gouvernement égyptien, qui devenait facilement injuste, oppresseur, s’opposa bien longtemps à l’avancement de la civilisation. Il avait divisé la nation en trois parties distinctes : 1° les prêtres ; 2° les militaires ; 3° le peuple. Le peuple seul travaillait, et le fruit de toutes ses peines était dévoré par les prêtres, qui tenaient les militaires à leur solde et les employaient à contenir le reste de la population.

Mais il arriva une époque où les soldats se lassèrent d’obéir aveuglément aux prêtres. Une révolution éclata, et ce changement, heureux pour l’Égypte, fut opéré par un militaire nommé Méneï, qui devint le chef de la nation, établit le gouvernement royal et transmit le pouvoir à ses descendants en ligne directe.

Les anciennes histoires d’Égypte font remonter l’époque de cette révolution à six mille ans environ avant l’islamisme.

Dès ce moment, le pays fut gouverné par des rois, et le gouvernement devint plus doux et plus