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assez constamment peint en noir, de la tête aux pieds, parcourt les soixante-quinze cercles ou zones auxquels président autant de personnages divins de toute forme et armés de glaives. Ces cercles sont habités par les ames coupables qui subissent divers supplices. C’est véritablement là le type primordial de l’Enfer du Dante, car la variété des tourments a de quoi surprendre ; et je ne suis pas étonné que quelques voyageurs, effrayés de ces scènes de carnage, aient cru y trouver la preuve de l’usage des sacrifices humains dans l’ancienne Égypte ; mais les légendes lèvent toute espèce d’incertitude à cet égard : ce sont des affaires de l’autre monde, et qui ne préjugent rien pour les us et coutumes de celui-ci.

Les âmes coupables sont punies d’une manière différente dans la plupart des zones infernales que visite le dieu Soleil : on a figuré ces esprits impurs, et persévérant dans le crime, presque toujours sous la forme humaine, quelquefois aussi sous la forme symbolique de la grue, ou celle de l’épervier à tête humaine, entièrement peints en noir, pour indiquer à la fois et leur nature perverse et leur séjour dans l’abîme des ténèbres ; les unes sont fortement liées à des poteaux, et les gardiens de la zone, brandissant leurs glaives, leur reprochent les crimes qu’elles ont commis sur la terre ; d’autres sont suspen-