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sur lequel navigue le vaisseau du Soleil ; ils tendent des cordes ; Apophis est pris ; on le charge de liens ; on sort du fleuve cet immense reptile, au moyen d’un câble que la déesse Selk lui attache au cou et que les douze dieux tirent, secondés par une machine fort compliquée, manœuvrée par le dieu Sév (Saturne), assisté des génies des quatre points cardinaux. Mais tout cet attirail serait impuissant contre les efforts d’Apophis, s’il ne sortait d’en bas une main énorme (celle d’Ammon) qui saisit la corde et arrête la fougue du dragon. Enfin, à la onzième heure du jour, le serpent captif est étranglé ; et bientôt après le dieu Soleil arrive au point extrême de l’horizon où il va disparaître. C’est la déesse Netphé (Rhéa) qui, faisant l’office de la Thétys des Grecs, s’élève à la surface de l’abîme des eaux célestes ; et, montée sur la tête de son fils Osiris, dont le corps se termine en volute comme celui d’une sirène, la déesse reçoit le vaisseau du Soleil, qui prend bientôt dans ses bras immenses le Nil céleste, le vieil Océan des mythes égyptiens.

La marche du Soleil dans l’hémisphère inférieur, celui des ténèbres, pendant les douze heures de nuit, c’est-à-dire la contre-partie des scènes précédentes, se trouve sculptée sur les parois des tombeaux royaux opposées à celles dont je viens de donner une idée très-succincte. Là le dieu,