Page:Champollion - Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829.djvu/208

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Louqsor, parce que ce magnifique palais, le plus profane de tous les monuments de l’Égypte, obstrué par des cahuttes de fellah, qui masquent et défigurent ses beaux portiques, sans parler de la chétive maison d’un brin-bachi, juchée sur la plate-forme violemment percée à coups de pic, pour donner passage aux balayures du Turc, qui sont dirigées sur un superbe sanctuaire sculpté sous le règne du fils d’Alexandre-le-Grand ; ce magnifique palais, dis-je, ne nous offrait aucun local commode ni assez propre pour y établir notre ménage. Il a donc fallu garder notre maasch, la dahabié et les petites barques, jusqu’au moment où nos travaux de Louqsor ont été finis.

Nous passâmes sur la rive gauche le 23, et après avoir envoyé notre gros bagage à une maison de Kourna, que nous a laissée un très-brave et excellent homme nommé Piccinini, agent de M. d’Anastasy à Thèbes, nous avons tous pris la route de la vallée de Biban-el-Molouk, où sont les tombeaux des rois de la XVIIIe et de la XIXe dynastie. Cette vallée étant étroite, pierreuse, circonscrite par des montagnes assez élevées et dénuées de toute espèce de végétation, la chaleur doit y être insupportable aux mois de mai, juin et juillet ; il importait donc d’exploiter cette riche et inépuisable mine à une époque où l’atmosphère, quoique déjà fort échauffée, est