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partout et occupe habituellement la droite des sanctuaires.

Il en était de même en Égypte, et l’on conçoit que ce culte partiel ne pouvait changer, puisqu’il était attaché au pays par toute la puissance des croyances religieuses. Du reste, ce culte, pour ainsi dire exclusif dans chaque localité, ne produisait aucune haine entre les villes voisines, puisque chacune d’elles admettait dans son temple (comme syntrônes), et cela par un esprit de courtoisie très-bien calculé, les divinités adorées dans les cantons limitrophes. Ainsi j’ai retrouvé à Kalabschi les dieux de Ghirsché et de Dakkèh au midi, ceux de Déboud au nord, occupant une place distinguée ; à Déboud, les dieux de Dakkèh et de Philae ; à Philae, ceux de Déboud et de Dakkèh ? au midi ; ceux de Béghé d’Éléphantine et de Syène au nord ; à Syène enfin, les dieux de Philæ et ceux d’Ombos.

C’est encore à Kalabschi que j’ai remarqué, pour la première fois, la couleur violette employée dans les bas-reliefs peints ; j’ai fini par découvrir que cette couleur provenait du mordant ou mixtion appliquée sur les parties de ces tableaux qui devaient recevoir la dorure ; ainsi le sanctuaire de Kalabschi et la salle qui le précède ont été dorés aussi bien que le sanctuaire de Dakkèh.