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J’ai, de plus, acquis la certitude qu’il avait existé à Talmis trois éditions du temple de Malouli ; une sous les Pharaons et du règne d’Aménophis II, successeur de Mœris ; une du temps des Ptolémées ; et la dernière, le temple actuel qui n’a jamais été terminé, sous Auguste, Caïus-Caligula et Trajan ; et la légende du dieu Malouli, dans un fragment de bas-relief du premier temple, employé dans la construction du troisième, ne diffère en rien des légendes les plus récentes. Ainsi donc, le culte local de toutes les villes et bourgades de la Nubie et d’Égypte n’a jamais reçu de modification, on n’innovait rien, et les anciens dieux régnaient encore le jour où les temples ont été fermés par le christianisme. Ces dieux d’ailleurs s’étaient, en quelque sorte, partagé l’Égypte et la Nubie, constituant ainsi une espèce de répartition féodale. Chaque ville avait son patron : Chnouphis et Saté régnaient à Éléphantine, à Syène et à Béghé, et leur juridiction s’étendait sur la Nubie entière ; Phré, à Ibsamboul, à Derri et à Amada ; Phtah, à Ghirsché ; Anouké, à Maschakit ; Thoth, le surintendant de Chnouphis sur toute la Nubie, avait ses fiefs principaux à Ghebel-adheh et à Dakkèh ; Osiris était seigneur de Dandour ; Isis reine, à Philæ ; Hathôr, à Ibsamboul, et enfin Malouli, à Kalabschi. Mais Ammon-Ra règne