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sagesse divine, l’esprit de dieu, en passant par les formes : 1o de Pahitnoufi (celui dont le cœur est bon) ; 2o d’Arihosnofri ou Arihosnoufi (celui qui produit les chants harmonieux) ; 3o de Meuï (la pensée ou la raison) : sous chacun de ces noms Thoth a une forme et des insignes particuliers, et les images de ces diverses transformations du second Hermès couvrent les parois du temple de Dakkèh. J’oubliais de dire que j’ai trouvé ici Thoth (le Mercure égyptien) armé du caducée, c’est-à-dire du sceptre ordinaire des dieux, entouré de deux serpents, plus un scorpion.

Sous le rapport historique, j’ai reconnu que la partie la plus ancienne de ce temple (l’avant-dernière salle) a été construite et sculptée par le plus célèbre des rois éthiopiens, Ergamènes (Erkamen), qui, selon le récit de Diodore de Sicile, délivra l’Éthiopie du gouvernement théocratique, par un moyen atroce, il est vrai, en égorgeant tous les prêtres du pays : il n’en fit sans doute pas autant en Nubie, puisqu’il y éleva un temple ; et ce monument prouve que la Nubie cessa d’être soumise à l’Égypte dès la chute de la XXVIe dynastie, celle des Saïtes, détrônée par Cambyse, et que cette contrée passa sous le joug des Éthiopiens jusqu’à l’époque des conquêtes de Ptolémée Évergète Ier, qui la réunit de nouveau à l’Égypte. Aussi le temple de