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mille ans avant l’islamisme, mais que tous ces vieillards étaient encore incertains sur un point, savoir si c’étaient les Français, les Anglais ou les Russes qui avaient exécuté ce grand ouvrage. Voilà comme on écrit l’histoire en Nubie. Le monument de Derri, quoique moderne en comparaison de la date que lui donnait mon savant nubien, est cependant un ouvrage de Sésostris. Nous y restâmes toute la journée du 18, et n’en sortîmes assez tard qu’après avoir dessiné les bas-reliefs les plus importants, et rédigé une notice détaillée de tous ceux dont on ne prenait point de copie. Là j’ai trouvé une liste, par rang d’âge, des fils et des filles de Sésostris ; elle me servira à compléter celle d’Ibsamboul. Nous y avons copié quelques fragments de bas-reliefs historiques ; ils sont presque tous effacés ou détruits. C’est là que j’ai pu fixer mon opinion sur un fait assez curieux : je veux parler du lion qui, dans les tableaux d’Ibsamboul et de Derri, accompagne toujours le conquérant égyptien : il s’agissait de savoir si cet animal était placé là symboliquement pour exprimer la vaillance et la force de Sésostris, ou bien si ce roi avait réellement, comme le capitan-pacha Hassan et le pacha d’Égypte, un lion apprivoisé, son compagnon fidèle dans les expéditions militaires. Derri décide la question : j’ai lu, en effet, au-dessus du