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île, j’étais bien las de cette sculpture barbare. Je m’y arrêterai cependant encore quelques jours en repassant, pour compléter la partie mythologique, et je me dédommagerai en courant les rochers de la première cataracte, couverts d’inscriptions du temps des Pharaons.

Nous avions quitté notre maasch et notre dahabié à As-Souan (Syène), ces deux barques étant trop grandes pour passer la cataracte : c’est le 16 décembre que notre nouvelle escadre d’en-deçà la cataracte se trouva prête à nous recevoir. Elle se compose d’une petite dahabié (vaisseau amiral), portant pavillon français sur pavillon toscan, de deux barques à pavillon français, deux barques à pavillon toscan, la barque de la cuisine et des provisions, à pavillon bleu, et d’une barque portant la force armée, c’est-à-dire les deux chaous (gardes-du-corps du pacha) avec leurs cannes à pomme d’argent, qui nous accompagnent et font les fonctions du pouvoir exécutif. J’oubliais de dire que l’amiral est armé d’une pièce de canon de trois, que notre nouvel ami Ibrahim, mamour d’Esné, nous a prêtée à son passage à Philæ : aussi avons-nous fait une belle décharge en arrivant à la deuxième cataracte, but de notre pèlerinage.

On mit à la voile de Philæ, pour commencer notre voyage de Nubie, avec un assez bon vent ;