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quise en montant : mon travail commence réellement aujourd’hui, quoique j’aie déjà en portefeuille plus de six cents dessins ; mais il reste tant à faire que j’en suis presque effrayé : toutefois, je présume m’en tirer à mon honneur avec huit mois d’efforts : j’exploiterai la Nubie pendant le mois de janvier, et à la mi-février je m’établirai à Thèbes jusqu’au milieu d’août que je redescendrai rapidement le Nil en ne m’arrêtant qu’à Dendérah et à Abydos. Le reste est déjà en portefeuille. Nous reverrons ensuite le Kaire et Alexandrie.

Ma dernière lettre était de Philæ. Je ne pouvais être long-temps malade dans l’île d’Isis et d’Osiris : la goutte me quitta en peu de jours, et je pus commencer l’exploitation des monuments. Tout y est moderne, c’est-à-dire de l’époque grecque ou romaine, à l’exception d’un petit temple d’Hathôr et d’un propylon engagé dans le premier pylone du temple d’Isis, lesquels ont été construits et dédiés par le pauvre Nectanèbe Ier ; c’est aussi ce qu’il y a de mieux. La sculpture du grand temple, commencée par Philadelphe, continuée sous Évergète Ier et Épiphane, terminée par Évergète II et Philométor, est digne en tout de cette époque de décadence : les portions d’édifices construits et décorés sous les Romains sont pires, et quand j’ai quitté cette