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ruines égyptiennes me permettent de respirer au milieu de tous ces travaux et de ces jouissances réellement trop vives si elles devaient se renouveler souvent ailleurs comme à Thèbes.

Ma santé est excellente ; le climat me convient, et je me porte bien mieux qu’à Paris. Les gens du pays nous accablent de politesses : j’ai dans ce moment-ci dans ma petite chambre : 1o un aga turc, commandant en chef de Kourna, dans le palais de Mandoueï ; 2o le Scheik-el-Bélad de Médinet-Habou, donnant ses ordres au Ramesséium et au palais de Ramsès-Meiamoun ; enfin un Scheik de Karnac, devant lequel tout se prosterne dans les colonnades du vieux palais des rois d’Égypte. Je leur fais porter de temps en temps des pipes et du café, et mon drogman est chargé de les amuser pendant que j’écris ; je n’ai que la peine de répondre, par intervalles réglés, Thaïbin (Cela va bien), à la question Ente-Thaïeb (Cela va-t-il bien) ? que m’adressent régulièrement toutes les dix minutes ces braves gens que j’invite à dîner à tour de rôle. On nous comble de présents ; nous avons un troupeau de moutons et une cinquantaine de poules qui, dans ce moment-ci, paissent et fouillent autour du portique du palais de Kourna. Nous donnons en retour de la poudre et autres bagatelles. Je voudrais que le docteur Pariset vînt me joindre ;