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palais de Rhamsès-Meïamoun, couvert de bas-reliefs historiques.

Le troisième jour, j’allai visiter les vieux rois de Thèbes dans leurs tombes, ou plutôt dans leurs palais creusés au ciseau dans la montagne de Biban-el-Molouk : là, du matin au soir, à la lueur des flambeaux, je me lassai à parcourir des enfilades d’appartements couverts de sculptures et de peintures, pour la plupart d’une étonnante fraîcheur ; c’est là que j’ai recueilli, en courant, des faits d’un haut intérêt pour l’histoire ; j’y ai vu un tombeau de roi martelé d’un bout à l’autre, excepté dans les parties où se trouvaient sculptées les images de la reine sa mère et celles de sa femme, qu’on a religieusement respectées, ainsi que leurs légendes. C’est, sans aucun doute, le tombeau d’un roi condamné par jugement après sa mort. J’en ai vu un second, celui d’un roi thébain des plus anciennes époques, envahi postérieurement par un roi de la XIXe dynastie, qui a fait recouvrir de stuc tous les vieux cartouches pour y mettre le sien, et s’emparer ainsi des bas-reliefs et des inscriptions tracées pour son prédécesseur. Il faut cependant dire que l’usurpateur fit creuser une seconde salle funéraire pour y mettre son sarcophage, afin de ne point déplacer celui de son ancêtre. À l’exception de ce tombeau-là, tous les