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roulé si connu sous le nom de grecque, peint en rouge, bleu et noir, et tracé verticalement. Ces détails piqueront la curiosité et réveilleront l’intérêt de nos archéologues et celui de notre ami M. Dubois[1], que j’ai regretté, ici plus qu’ailleurs, de n’avoir pas à mes côtés, parce que notre opinion sur l’avancement de l’art en Égypte y trouve des preuves archi-authentiques. Les hommes captifs, à barbe pointue, sont armés d’arcs et de lances, et l’un d’entre eux tient en main une lyre grecque de vieux style. Sont-ce des Grecs ? Je le crois fermement, mais des Grecs ioniens, ou un peuple d’Asie-Mineure, voisin des colonies ioniennes et participant de leurs mœurs et de leurs habitudes : ce serait une chose bien curieuse que des Grecs du IXe siècle avant J.-C., peints avec fidélité par des mains égyptiennes. J’ai fait copier ce long tableau en couleur avec une exactitude toute particulière : pas un coup de pinceau qui ne soit dans l’original.

Les quinze jours passés à Béni-Hassan ont été monotones, mais fructueux : au lever du soleil, nous montions aux hypogées dessiner, colorier et

  1. M. Dubois fait partie de la commission de savants et d’artistes envoyés en Morée par le gouvernement. Il est chargé de diriger la partie archéologique des recherches qui seront faites dans ces contrées. (Note de l’Éditeur.)