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première lettre.

En la rapprochant des monuments, et de la comparaison de ceux-ci avec les auteurs, on tire donc quelques résultats positifs et d’une, assez grande importance pour l’avancement de l’étude de l’antiquité, puisqu’ils accroissent d’une période de quatre siècles la série des temps historiques connus et monumentalement prouvés, toutefois postérieurs à l’époque d’Abraham.

Vous accordez, Monsieur le Duc, quelque intérêt aux débris des arts et de la civilisation de ce peuple que l’antiquité grecque regarda comme l’instituteur des nations de l’Occident ; votre esprit aime à se reporter vers ces anciennes époques où, au milieu de formes sociales si différentes des nôtres, les principes des sciences furent découverts, où le raisonnement tenta pour la première fois de pénétrer le secret de la nature du monde et de son créateur, et, ne pouvant saisir que les rapports nécessaires entre l’un et l’autre, s’efforça du moins d’établir et de coordonner le culte dû à l’Être incompréhensible dont, l’essence échappait à sa faiblesse ; vers ces temps, enfin, où se montrèrent à l’œil étonné les premiers produits réguliers, disons aussi peut-être même les premiers chefs-d’œuvre de la sculpture et de l’architecture. J’ai donc pensé qu’en faveur de cet intérêt si éclairé, vous excuseriez les longs détails auxquels j’ai été forcément conduit dans ces recherches, dont le but est d’abord de faire