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monuments historiques

soit en ligne devant les portiques et les propylées, soit disposées en allées ainsi que les sphynx, sur la longueur des dromos, comme pour protéger les lieux saints et en défendre l’approche aux impies. Cette destination explique d’abord l’abondance des statues de ce genre qu’on découvre journellement en Égypte, et nous donne, en second lieu, la raison du peu de soin avec lequel elles furent travaillées pour la plupart. On croyait sans doute très-inutile de déployer une grande recherche, dans des objets aussi multipliés et de pure décoration architecturale.

La collection Drovetti ne renferme pas moins de dix statues de Néith gardienne, toutes en granit noir et à taches blanches : les unes debout, le disque en tête, tiennent dans leurs mains le signe de la vie divine et le sceptre à fleur de lotus ; les autres sont assises sur des sièges plus ou moins décorés. Parmi ces dernières, il en est une de six pieds et demi de hauteur, portant la légende suivante, relative au roi Aménophis II : le dieu gracieux seigneur du monde, le dominateur par Phré et par Saté, chéri de la déesse gardienne des trônes, le vivificateur comme le soleil, pour toujours, le fils du soleil qui l’aime, Aménof. Cette inscription prouve que le colosse, dont la tête de lion est d’un très-beau caractère, exista d’abord devant un édifice décoré par les soins de ce Pharaon. Deux autres