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monuments historiques.

Aménoftèp époux de la reine Nané-Atari. Cette circonstance et plusieurs traits curieux que j’exposerai plus tard, prouvent que ce prince fut un chef de dynastie ; et la lecture que j’ai donnée ailleurs[1] des noms propres dépendants de plusieurs prénoms royaux placés à la suite d’Aménoftèp sur le bas relief d’Abydos, ne permettent plus de douter que cette dynastie ne soit la XVIIIe, dite Diospolitaine.

Cette famille illustre couvrit l’Égypte de grandes constructions, et presque tous les musées de l’Europe renferment des monuments consacrés à la mémoire de quelques-uns des princes qui la composèrent. Mais la collection royale de Turin en réunit à elle seule plus que toutes les autres ensemble.

Je dois, pour me conformer à l’ordre des temps, parler d’abord d’une statue monolithe de granit noir à grandes taches blanches, et qui, quoique assise, n’a pas moins de 5 pieds 4 pouces de hauteur ; elle porte 1 pied 8 pouces d’une épaule à l’autre : aucun musée n’a possédé, jusqu’à présent, un monument de cette antiquité et tout à la fois d’un tel volume et d’une conservation aussi entière. L’Urœus, ou serpent royal qui décore la coiffure striée du personnage, indique déjà que cette belle statue représente l’un des dieux ou l’un des souverains de l’Égypte ; le corps est nu, l’exception des cuisses couvertes d’un vêtement rayé

  1. Précis du système hiéroglyphique, chap. VIII.