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qu’éprouvait le père Kircher ; il lui était donc difficile, impossible peut-être de faire connaître les noms égyptiens des villes, puisque d’ailleurs, ayant fondé son travail sur les rapports des Grecs, il n’avait pas assez fait attention que les Coptes avaient donné des listes de noms égyptiens avec leur équivalent en arabe, et que les noms arabes devaient être son guide et le conduire aux noms égyptiens. Outre cela, lorsque Kircher publia sa Chorographia Ægypti, il n’avait probablement entre les mains qu’un vocabulaire copte peu étendu, d’où il put à peine extraire les noms égyptiens d’Alexandrie, d’Athribis, d’Héliopolis et de Coptos, les seules villes dont Kircher ait présenté le véritable nom égyptien. Quant aux autres noms, son imagination suppléa au manque de matériaux.

C’est ainsi qu’il avança que les anciens Égyptiens donnaient aux préfectures de l’Égypte, appelées Νομοσ‌τ par les Grecs, le nom de Ⲡⲓⲧⲁⲃⲓⲣ, Pitabir. Ce mot manque dans le Lexique égyptien de Lacroze ; nous l’avons vainement cherché dans tous les vocabulaires coptes de la Bibliothèque impériale de Paris : il ne se trouve donc que dans la Scala Magna de Kircher[1], où il signifie Prætorium, locus juri dicundo destinatus ; Prétoire, siège d’un tribunal, et non pas Province, Préfecture ou Nome. D’ailleurs, tous les manuscrits coptes qui nous restent, rendent toujours

  1. Scala Magna, pag. 225, copiée par Rossi, au mot Ⲧⲁⲃⲓⲣ.