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Les Voyages de Champlain.

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noftre feiour, finon qu’il nous fuft arriué quelque fortune. le lui fis relation de tout noftre voyage & où nos vaifteaux pouuoyent aller en feureté. Cependant ie confideré fort particulièrement ce lieu, lequel eft par les 44. degrez de latitude. Le lendemain le fieur de Mons fit leuer les ancres pour aller à la baye fainéte Marie, lieu qu’auions recogneu propre pour noftre vaifîeau, attendant que nous en euftions trouué vn autre plus commode pour noftre demeure. Rengeant la cofte nous paffamés proche du cap de Sable & des iiles aux loups marins, où le fieur de Mons fe délibéra d’aller dans vne chalouppe voir quelques ifles dont nous luy auions faiét récit, & du nombre infini d’oifeaux qu’il y au oit. Il s’y mit donc accompagné du fieur de Poitrincourt & de plufieurs autres gentilshommes en intention d’aller en l’ifle aux Tangueux, où nous auions auparauant tué quantité de ces oyfeaux à coups de baftorî. Eftant vn peu loing de noftre nauire il fut hors de noftre puiflance de la gaigner, & encore moins noftre vaifîeau : car la marée eftoit fi forte que nous fufmes contrains de relafcher en vn petit iftet, pour y pafîer celle nuiét, auquel y auoit grand nombre de Gibier. l’y tué quelques oyfeaux de riuiere, qui nous feruirent bien : d’autant que nous n’auions pris qu’vn peu de bifcuit, croyans retourner ce mefme iour. Le lendemain nous fufmes au cap Fourchu, diftant de là, demye lieuë. Rengeant la cofte nous fufmes trouuer noftre vaifîeau qui eftoit en la baye fainéte Marie. Nos gens furent fort en peine de nous l’efpace de deux iours, craignant qu’il nous fuft arriué quelque malheur : mais 163