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Les Voyages de Champlain.

o^. nous fuîmes paffer la nuiéï à la Baye de Sable (1), où les vaifleaux peuuent mouiller l’ancre fans aucune crainte de danger.

Le lendemain nous allâmes au cap de Sable, qui eft auffi fort dangereux, pour certains rochers & batteures qui iettent prefque vne lieuë à la mer. Il eft à deux lieuës de la baye de Sable, où nous pafTames la nuiét precedente. De là nous fufmes en l’ifle aux Cormorans (2), qui en eft à vne lieuë, ainfi appelée à caufe du nombre infini qu’il y a de ces oyfeaux, où nous primes plein vne barrique de leurs œufs. Et de cefte iile nous fifmes l’oueft enuiron fix lieuës trauarfant vne baye(3) qui fuit au Nort deux ou trois lieuës : puis rencontrafmes plufieurs ifles(4) qui iettent 2. ou trois lieuës à la mer, lefquelles peuuent contenir les vnes deux, les autres trois lieuës, & d’autres moins, félon que i’ay peu iuger. Elles font la plufpart fort dangereufes à aborder aux grands vaiffeaux, à caufe des grandes marées, & des rochers qui font à fleur d’eau. Ces ifles font remplies de pins, fapins, boulleaux & de trembles. Vn peu plus outre, il y en a encore quatre. En l’vne nous vifmes fi grande quantité d’oifeaux appelez tangueux(5), que nous les tuyons aifement à coups de bafton. En vne autre nous trouuâmes le riuage tout couuert de loups marins, defquels nous primes autant que bon nous fembla. Aux deux autres il y a vne telle abon- (1) Aujourd’hui baie de Barrington.

(2) Probablement celle qui porte aujourd’hui le nom de Sbag Island. ( 3) Cette baie est appelée un peu plus loin la baie Courante, et ce que l’auteur dit ici en pariant des îles de Tousquct, nous donne la raison qui a fait donner ce nom à la baie : c’est qu’elle est « dangereule aux grands vaifleaux à caufe des grandes marées, » et de la violence des courants. Elle porte aujourd’hui le nom de baie de Townsend. (4) Les îles de Tousquet.

(5 ) De là le nom à’île aux Ta/igucux que lui donne l’auteur dans la carte de 163Z. 158