Les Voyages de Champlain.
9
fie, fur vne pointe à l’entrée du port auprès de deux eftangs d’eau douce. Le fieur de Mons en mefme temps depefcha vne chalouppe, dans laquelle il enuoya auec des lettres vn des noftres, guidé d’aucuns fauuages, le long de la cofte d’Accadie, chercher Pont-graué, qui auoit vne partie des commoditez neceilaires pour noftre hyuernement. Il le trouua à la Baye de Toutes-iiles fort en peine de nous (car il ne fçauoit point qu’on eut changé d’aduis) & luy prefenta fes lettres. Incontinent qu’il les eut leuës, il s’en retourna vers fon nauire à Canceau, où il failli quelques vaiiTeaux Bafques quifaifoyent traitte de pelleterie, nonobftant les defences de fa Maiefté ; & en enuoya les chefs au fieur de Mons : Lequel ce pendant me donna la charge d’aller recognoiftre la cofte, & les ports propres pour la feureté de noftre vaifteau.
Délirant accomplir fa volonté ie partis du port au Mouton le 19. de May, dans vne barque de huiét tonneaux, accompaigné du fieur Raleau fon Secrétaire, & de dix hommes. Allant le long de la cofte nous abordâmes à vn port tres-bon pour les vaiiTeaux, où il y a au fonds vne petite riuiere qui entre alfez auant dans les terres, que i’ay appelé le port du cap Negré, à caufe d’vn rocher qui de loing en a la femblance, lequel eft eileué fur l’eau proche d’vn cap où nous paftames le mefme iour, qui en eft à quatre lieuës, & à dix du port au Mouton. Ce cap eft fort dangereux à raifon des rochers qui iettent à la mer. Les coftes que ie vis iufques là font fort baffes couuertes de pareil bois qu’au cap de la Héue ; & les iiles toutes remplies de gibier. Tirant plus outre Bc 157
