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Les Voyages de Champlain.
defquels ils s’abillerent ayans tout difcipé leurs veftemens. Par ordonnance de la Cour de Parlement de Rouan il y fut enuoié vn vaifleau pour les requérir : les conducteurs firent la peche de mollues en lieu proche de celle ille qui eft toute batturiere és enuirons.
Le 8. du mefme mois nous eufmes cognoiftance du Cap de la Héue, à l’eil duquel il y a vne Baye(i) où font plufieurs Illes couuertes de fapins ; & à la grande terre de chefnes, ormeaux & bouleaux. Il eft ioignant la colle d’Accadie par les 44. degrez & cinq minutes de latitude, & 16. degrez 15. minutes de declinaifon de la guide-aimant, diftant à l’eft nordeft du Cap Breton 8 5. lieues, dont nous parlerons cy aprez. Le 12. de May nous entrafmes dans vn autre port, à 5. lieuës du cap de la Héue, où nous primes vn vaifteau qui faifoit traitte de peleterie contre les defences du Roy. Le chef s’appeloit Rolfignol,’ dont le nom en demeura au port, qui eft par les 44. degrez & vn quart de latitude.
Le 13. de May nous arriuafmes à vn tres-beau port, où il y a deux petites riuieres, appelé le port au Mouton (3), qui eft à fept lieuës de celuy du Roffignol. Le terroir eft fort pierreux, rempli de taillis & bruyeres. Il y a grand nombre de lappins ; & quantité de gibier à caufe des eftangs qui y font. Aufli toft que nous fufmes defembarquez, chacun commença à faire des cabannes félon fa fantai- (x) Cette baie est formée par l’embouchure de la rivière de La Hève. (2) Le port Rossignol porte aujourd’hui le nom de Liverpool. (3) Lequel ils appelèrent ainsi, dit Lescarbot, « à l’occafion d’vn mouton qui s’étant noyé revint à bord, & fut mangé de bonne guerre, » Il n’est qu’à trois petites lieues du port du Rossignol.
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