Page:Champlain - Oeuvres de Champlain publiées sous le patronage de l'Université Laval, Tome 1, 1870.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

furent remises entre les mains de Champlain. M. du Plessis prit alors la charge d’amiral de la flotte.

Champlain, en possession de son nouveau gouvernement, s’occupa d’abord des affaires de la traite, qui pressaient davantage. Il venait d’arriver des Trois-Rivières dix-huit canots algonquins, et l’on savait que les Anglais avaient trois vaisseaux à Tadoussac, d’où ils étaient même monté jusqu’au Pilier.

Champlain, se doutant que les sauvages pourraient aller les trouver jusque là, tint conseil avec eux, et leur fit entendre, par la bouche de l’interprète Olivier le Tardif, qu’ils prissent bien garde à ce qu’ils avaient à faire : ces Anglais étaient des usurpateurs, qui ne faisaient que passer ; tandis que les Français demeuraient au pays d’une manière permanente, et qu’il était de l’intérêt de tous que leur ancienne amitié continuât toujours.

Le chef algonquin répondit par une harangue aussi fine et délicate, que pleine d’une mâle éloquence. «Tu ne veux pas, dit-il en finissant, que nous allions à l’Anglais : je vais dire à mes gens qu’on n’y aille point ; si quelqu’un y va, il n’a pas d’esprit. Tu peux tout : mets des chaloupes aux avenues, et prends les castors de ceux qui iront.»

Afin d’ôter aux sauvages d’en haut la pensée de descendre au-devant des Anglais, Champlain établit un nouveau poste, sur l’îlet de Richelieu, qui commande l’un des passages où le chenal du fleuve est le plus étroit ; ce lieu avait en outre l’avantage d’être assez rapproché de Québec pour que l’on pût, au besoin, faire monter dans quelques heures les marchandises et les objets nécessaires à la traite.