Page:Champlain - Oeuvres de Champlain publiées sous le patronage de l'Université Laval, Tome 1, 1870.djvu/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soupçonné d’avoir commis le meurtre des deux français, se tenaient sur la réserve, et, à l’exception du fidèle Chomina, on ne pouvait guère compter sur eux en ce moment.

Pont-Gravé, à cause de son âge et de ses infirmités, causait à Champlain beaucoup plus d’embarras, qu’il ne pouvait lui être de service. Comprenant lui-même la délicatesse de sa position, il avait pris la résolution de descendre comme il pourrait à Gaspé, pour y chercher un vaisseau et se faire repasser en France. Le voyage préparé, il demanda à l’auteur s’il aurait agréable qu’il fît lire la commission que lui avait donnée M. de Caen, afin que celui-ci ne pût lui contester ses gages. Champlain ne voulut pas lui refuser cette satisfaction ; mais il crut devoir lui observer, que M. de Caen «s’attribuait des honneurs et commandements qui ne lui appartenaient pas, anticipant sur les charges de vice-roi ; que, pour le commerce des pelleteries, les articles de Sa Majesté lui donnaient tout pouvoir ;» mais que, pour le reste, les commissions royales ne lui permettaient pas de s’en mêler.

«Le lendemain, qui était un dimanche, au sortir de la sainte messe, Champlain, devant tout le peuple assemblé, fit lire les commissions», celle que Pont-Gravé tenait du sieur de Caen, et celle qu’il tenait lui-même du vice-roi, en expliquant à tous la différence qu’il fallait mettre « entre le pouvoir que pouvait donner le dit sieur de Caen, et celui qui lui était conféré à lui-même par les lettres royales. Je vous fais commandement, dit-il à ceux qui composaient l’assemblée, de par le Roi