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fortune, à la domination des gens en puissance, à celle de hautes naissances, à celle des gens de lettres.

Chamfort est plein de plaisanteries fines et piquantes ; mais La Rochefoucauld est plein d’idées grandes et profondes ; Vauvenargues, d’idées élevées ; Pascal, d’idées sublimes.

Chamfort est plaisant, gai, piquant ;

Vauvenargues, plus élevé ; La Rochefoucauld, plus profond ; Pascal, grand, fort, sublime.

L’expression de Chamfort est toujours juste, exacte, souvent forte ; la contexture de sa phrase est toujours correcte, même élégante ; mais toutes ses pensées ont la même forme, et son ton ne varie que de l’amertume à la gaieté. — Quelle différence entre lui et La Bruyère ! Il n’est point de tours dans la langue, point de mouvemens dans le style, que La Bruyère n’ait employés avec succès. Il n’est point de ton qu’il n’ait pris avec intérêt. Il sait être pathétique, piquant, par sa gaieté ou son humeur.

Chamfort marque son empreinte à l’emporte-