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à propos des heureuses innovations, faites par lui dans ses États. « Vous me louez trop à cet égard, disait-il : j’ai pris toutes mes idées dans vos livres français. »

CDLXX

J’ai vu à Anvers, dans une des principales églises, le tombeau du célèbre imprimeur Plantin, orné de tableaux superbes, ouvrages de Rubens, et consacrés à sa mémoire. Je me suis rappelé à cette vue que les Estienne, Henri et Robert, qui par leur érudition grecque et latine ont rendu les plus grands services aux lettres, traînèrent en France une vieillesse misérable, et que Charles Estienne, leur successeur, mourut à l’hôpital, après avoir contribué presque autant qu’eux aux progrès de la littérature. Je me suis rappelé qu’André Duchêne, qu’on peut regarder comme le père de l’Histoire de France, fut chassé de Paris par la misère, et réduit à se réfugier dans une petite ferme qu’il avait en Champagne. Il se tua en tombant du haut d’une charrette, chargée de foin, à une hauteur immense. Adrien de Valois, créateur de l’histoire métallique, n’eut guère une meilleure destinée. Samson, le père de la Géographie, allait à soixante-dix ans faire des leçons, à pied, pour vivre. Tout le monde sait la destinée