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et qu’elles puissent rien être. Un mari n’est qu’une espèce de manœuvre qui tracasse le corps de sa femme, ébauche son esprit et dégrossit son âme.

CCCXCVI

Le Mariage, tel qu’il se pratique chez les grands, est une indécence convenue.

CCCXCVII

Nous avons vu des hommes, réputés honnêtes, des sociétés considérables, applaudir au bonheur de Mlle…, jeune personne, belle, spirituelle, vertueuse, qui obtenait l’avantage de devenir l’épouse de M…, vieillard malsain, repoussant, malhonnête, imbécile, mais riche. Si quelque chose caractérise un siècle infâme, c’est un pareil sujet de triomphe, c’est le ridicule d’une telle joie, c’est ce renversement de toutes les idées morales et naturelles.

CCCXCVIII

L’état de mari a cela de fâcheux, que le mari qui a le plus d’esprit, peut être de trop partout, même chez lui, ennuyeux, sans ouvrir la bouche, et ridicule, en disant la chose la plus simple. Être aimé de sa femme, sauve une partie de ces travers. De là vient que M… disait à sa femme : « Ma chère amie, aidez-moi à n’être pas ridicule. »