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Ce fut le Comte de Gramont lui-même qui vendit 1500 liv. le Manuscrit des Mémoires où il est si clairement traité de fripon. Fontenelle, Censeur de l’Ouvrage, refusait de l’approuver, par égard pour le Comte. Celui-ci s’en plaignit au Chancelier, à qui Fontenelle dit les raisons de son refus. Le Comte, ne voulant pas perdre les 1500 liv., força Fontenelle d’approuver le Livre d’Hamilton.

M. de L V…, misanthrope, à la manière de Timon, venait d’avoir une conversation un peu mélancolique avec M. de B…, misanthrope moins sombre, & quelquefois même très-gai. M. de L… parlait de M. de B… avec beaucoup d’intérêt, & disait qu’il voulait se lier avec lui. Quelqu’un lui dit : prenez garde, malgré son air grave, il est quelquefois très-gai ; ne vous y fiez pas.

Le Maréchal de Belle-Isle, voyant que M. de Choiseul prenait trop d’ascendant, fit faire contre lui un Mémoire pour le Roi, par le Jésuite Neuville. Il mourut sans avoir présenté ce Mémoire, & le porte-feuille fut porté à M. le Duc de Choiseul, qui y trouva le Mémoire fait contre lui. Il fit l’impossible pour reconnaître l’écriture. Il n’y songeait plus, lorsqu’un Jésuite considérable lui fit demander la permission de lui lire l’éloge qu’on faisait de lui, dans l’Oraison funèbre du Maréchal de Belle-Isle