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et anecdotes.

& il y avait peu de réduits dans le Palais-Royal qui n’en eussent été témoins. Un jour les deux époux allèrent faire visite à la Duchesse Douairière qui était malade. Pendant la conversation, elle s’endormit ; & le Duc & la jeune Duchesse trouvèrent plaisant de se divertir sur le pied du lit de la malade. Elle s’en apperçut, & dit à sa belle-fille : Il vous était réservé, Madame, de faire rougir du mariage.

Le Maréchal de Duras, mécontent d’un de ses fils, lui dit : misérable, si tu continues, je te ferai souper avec le Roi. C’est que le jeune homme avait soupé deux fois à Marly, où il s’était ennuyé à périr.

Duclos, qui disait sans cesse des injures à l’Abbé d’Olivet, disait de lui : c’est un si grand coquin, que, malgré les duretés dont je l’accable, il ne me hait pas plus qu’un autre.

Duclos parlait un jour du Paradis que chacun se fait à sa manière. Made. de Rochefort lui dit : pour vous, Duclos, voici de quoi composer le vôtre : du pain, du vin, du fromage & la première venue.

Je ne sais quel homme disait : je voudrais voir le dernier des Rois étranglé avec le boyau du dernier des Prêtres[1].

  1. Vœu attribué à Jean Meslier (1664-1729), curé d’Étrépigny : « Je voudrois, & ce sera le dernier, comme le plus ardent de mes souhaits ; je voudrois que le dernier des rois fût étranglé avec les boyaux du dernier des prêtres » (Naigeon, Jacques-André. Encyclopédie méthodique. Dictionnaire de la philosophie ancienne et moderne, tome iii. Article Meslier (Jean) (Philosophie de). Paris, Chez H. Agasse, Imprimeur-Libraire, 1791, p. 239). (Note wiki)