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et anecdotes.

occasion de soupçonner un moment sa droiture, je demandai à M. Saurin, s’il l’avait connu particulièrement. Il me répondit qu’oui. J’insistai pour savoir s’il n’avait jamais rien eu contre lui. M. Saurin, après un moment de réflexion, me répondit : il y a long-tems qu’il est honnête homme. Je ne pus en tirer rien de positif, sinon qu’autrefois M. de Foncemagne avait tenu une conduite oblique & rusée dans plusieurs affaires d’intérêt.

M. d’Argenson apprenant à la bataille de Raucoux, qu’un valet d’armée avait été blessé d’un coup de canon derrière l’endroit où il était lui-même avec le Roi, disait : ce Drôle-là ne nous fera pas l’honneur d’en mourir.

Dans les malheurs de la fin du règne de Louis XIV, après la perte des batailles de Turin, d’Oudenarde, de Malplaquet, de Ramillies, d’Hochstet, les plus honnêtes gens de la cour disaient : Au moins le Roi se porte bien, c’est le principal.

Quand M. le Comte d’Estaing, après sa campagne de la Grenade, vint faire sa cour à la Reine, pour la première fois, il arriva porté sur ses béquilles, & accompagné de plusieurs officiers, blessés comme lui, la Reine ne sut lui dire autre chose, sinon : M. le Comte, avez-vous été content du petit Laborde ?