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Et sans uu cœur osant t'appiécier ,

Par vanité, par coutume t'admire ,

Et, t'ayant lu , te vante par oui-dirc ;

Son vain encens descend-il chez les mort*

De ton esprit caresser les ressorts ?

Et toi , brillant et fertile génie ,

Toi , son rival et son imitateur,

Ainsi que lui , fuyant de ta patrie ,

Non pour aller, besacier, voyageur,

Piéton modeste , et pèlerin poète ,

Faire aux passans une prière honnête ;

Mais pour donner bals, concerts et cadeaux y

Pièce nouvelle et spectacles nouveaux ,

Où le cœur sent lorsque l'esprit s'élève;

Pour transporter Athènes à Genève , • •

T'y consoler , dans le sein du repos ,

Et de la haine et de l'encens des sots ;

ic l'avoûrai, quand un mortel sincère ,

De tes écrits ardent admirateur,

Vante Arouet , il a flatté Voltaire ;

Mais quand la mort, au gré de maint auteur ,

De maint jaloux, surtout de maint libraire.

T'aura frappé de sa faux meurtrière;

Sous cette tombe , eh bien ! parle , réponds y

Mortel fameux: lequel de ces deux noms,

Ces noms vantés , Arouet ou Voltaire ,

Dans ton sommeil , par un plus sûr pouvoir,

Ranimera tes cendres réveillées?

Lequel des deux saura mieux émouvoir

De ton cerveau les fibres ébranlées ?

Auquel, enfin , devons-nous envoyer

Ce fade encens dun éloge unaniaic ?

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