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DE CHAI'.ÎFORT.

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��sième Iphigénie en Aidicie. Tout cela me jiroiive bien clairement une chose , c'est qu'elles sont toutes la perfection du style.

Pour moi , j'avoue que j'ai une tendresse par- ticulière pour Estlier. Elle produit sur moi le double effet de l'ode et de la tragédie en même temps. Outre les sentimens de pitié et de crainte qu'elle me fait éprouver tour-à-tour, je me sens encore en la lisant, dans ime sorte d'enthou- siasme continuel. L'onction du style , les choetn^s sublimes de ces filles d'isi-aéi , tout concoujt à mon illusion. Il me semble , lorsque je prends cette tragédie , que j'*nt!'e dans un de ces temples antiques élevés avec pompe dans .Térusalem , au culte du très-haut. Dès rentrée , je vois un vesti- bule d'une structure superbe. J'entends , autour de moi, une douce harmonie ; la piété elle-même m'adresse la parole ; ses accens pénètrent mon âme, enchantent mes esprits ; un transport divin s'empare de tous mes sens. J'avance, et bientôt j'aperçois l'intérieur du temple : sa beauté a été par-delà mon imagination ; mes premiers re- gards s'arrêtent sur un de ces anges terrestres qui font l'ornement du genre humain; je la con- temple avec respect , et je l'aime avec tendresse. Mais bientôt un spectacle douloureux vient m'at- trister profondément ; je vois im combat entre le méchant et le juste. La puissance est le partage du premier ; la faiblesse, la compagne de l'autre. Dans ce danger pressant, à qui s'adressera le

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